breathing life into my nightmare
Être un étranger dans sa propre famille, un désastre, n'est-ce pas ? Et bien, c'est un peu comme ça que Nich s'est toujours senti. Lui, il a toujours été un mec simple, sans chichis, sans faux-semblants, sans scandales et sa famille, bah c'est sensiblement le parfait opposé. Mis à part ses sœurs, non, ses sœurs ne sont pas comme ça, enfin, pas comme papa. Nicholas respect d'ailleurs un peu plus ses grands-parents que son propre géniteur, eux au moins, ils les ont élevés du mieux qu'ils pouvaient. Et puis bon, faut dire que papa a vite comprit le truc, partir dans les bras d'une femme plus jeune, quelle bonne affaire, non ? Il échappait un peu mieux à ses obligations de père dont il n'avait jamais été particulièrement fan. Un fantôme dans sa vie, c'est un peu ce qu'il était, surtout après qu'il ai décidé de partir à l'étranger, là où il serait encore moins un père, pas du tout d'ailleurs. Et puis bon, tout le monde connaît la suite de l'histoire, divorce difficile, une mère qui assume seule les besoins de ses enfants et qui se décompose sous les yeux de ses trois bambins. Une fin presque logique, vu la tournure des événements. Mais Nich' tenta l'impossible, il essaya de relever un peu sa famille, lui, le dernier homme de la maison. Il tenta d'encadrer un peu ses sœurs comme il pouvait, il était d'ailleurs parti pour faire de courtes études, lui qui avait rêvé devenir chirurgien.
Il avait espérait qu'un autre reprenne le flambeau, vraiment, ça ne lui aurait pas déplut, mais maman se contempla dans sa dépression pendant de longues années. Elle essayait de se montrer forte devant ses enfants, mais Nich' n'était plus un enfant, et il n'était encore moins idiot, il voyait parfaitement ce qui était en train de se passer chez lui. Leur mère n'a jamais refait sa vie suite au départ de son géniteur -oui, il ne l'appelait plus papa depuis longtemps- et pourtant, personne dans cette famille n'aurait été contre des bras musclés pour les soutenir dans leur quotidien.
Mais Nicholas n'avait pas à plus se plaindre. Il était bien entouré, une sœur d'un an son aînée et une plus petite de huit ans sa cadette. Huit ans peut paraître énorme entre les membres d'une fratrie, mais tout les trois ont toujours été très proches, soudés, seuls contre le monde.
Et puis, c'est vers l'âge de treize ans que le jeune garçon se découvrit une passion, les pompiers. Personne ne l'avait jamais fait tombé dans ce milieu, mais une visite de la caserne locale avec l'école lui avait suffi. Nicholas venait de tomber amoureux des gros camions de pompiers, et ça ne lui passa jamais. À peine un an après, il intégrait un corps de jeunes pompiers, des gosses qui apprennent les rudiments du métier. Ce rêve se poursuivit jusqu'à ses 16 ans, et c'est là que sa vie prit un tournant qu'il aurait préféré ne jamais connaître. Tout bascula en une seule petite matinée. Une matinée semblable à un enfer sur terre.
Un appel des voisins. Bizarre, ils ne s'appelaient que si il avait une raison particulière, du style un anniversaire, et ce n'était pas vraiment le cas, et ils avaient dû voir que la voiture n'était pas devant la maison, la mère et le fils étaient parti faire des courses il y a une heure maintenant. Nicholas avait décroché ce jour-là, sa mère était au volant, elle ne pouvait donc pas parler.
« Nicholas ! Dis à ta mère de vite revenir à la maison ! Ta grande-sœur a eu un accident, les secours sont chez vous ! » Dix minutes après, les deux autres membres de la famille Van Hecke étaient revenus à la maison, mais c'était déjà trop tard. La vie était bien loin du corps de sa sœur. Un cancer du cerveau et de la moelle épinière, voilà la cause de tout ça, la cause de la déchéance de sa vie. C'est vrai que sa sœur s'était souvent plainte de mal de tête, mais tout le monde l'avait toujours crus migraineuse de nature, dans ce genre de situation, on ne pense jamais à l'impossible, on ne pense jamais au pire, parce qu'on croit que tout ça arrive seulement aux autres, et bien ce jour-là, ils avaient été les autres.
Tout juste deux ans après, Nicholas disparaissait de New York, du jour au lendemain, sans vraiment donner d'explications, un simple au revoir à sa sœur et sa mère. Il n'aurait pas du agir comme ça, il le sait maintenant, mais sur l'instant, il avait laissait parler son cœur. Nich ne supportait plus sa vie là-bas, tout le ramenait à sa défunte sœur, tout le ramenait au manque d'attention dont ils avaient tous fait preuve. Au fond, ce n'est pas réellement de leur faute, il le sait, mais il ne peut pas s'empêchait de se sentir coupable de tout ça, il aurait dû s'inquiéter. Alors il partit, sans se retourner.
Brisbane. C'est ici qu'il a atterri il y a dix ans maintenant. Nicholas avait toujours pensé faire son école de pompier à New York, mais finalement, il avait commencé tout ça à Brisbane, petite ville agréable, loin de son passé. Et pour la première fois de sa vie, il se sentait bien. Évidemment, Lisbeth et sa mère lui manquait terriblement, mais quand il les regardes, il pense à sa sœur, morte. Alors il est allé contre ses responsabilités, et il est partit loin d'elles. Ce ne fut pas simple, mais il ne voulait pas non plus leur infliger un autre poids dans leur vie, parce que c'est exactement ce qu'il allait devenir si il était resté à New York plus longtemps. Les premières années ne furent pas simples, mais il y est arrivé. Il s'est noyé dans son travail, son seul échappatoire, il a gravit les échelons rapidement, devenant très vite lieutenant, l'un des plus jeunes du pays, mais il était bon, il le savait parfaitement. Son boulot l'empêchait de sombrer encore un peu plus, alors il s'y accroche, parce qu'il n'y a que ça qui le raccroche encore à la vie. Et Dieu sait qu'il est bien placé pour savoir qu'elle est particulièrement éphémère.